La retraite : un choix de société !
“Il faut en finir avec la souffrance, l’indignité et l’exclusion. Désormais, nous mettrons l’homme à l’abri du besoin. Nous ferons de la retraite non plus une antichambre de la mort mais une nouvelle étape de la vie.”
Extrait du premier discours d’Ambroise Croizat en tant que ministre du Travail
Notre système actuel de retraite
►Un système financé principalement par la cotisation sociale : salaire socialisé et rapport capital/travail
►Un système qui devait être universel et unifié mais qui sera organisé, sous la pression patronale, en trois niveaux :
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- Une retraite de base mise en œuvre par la Sécurité sociale
- Une retraite complémentaire obligatoire mise en œuvre par l’AGIRC-ARCCO avec certaines spécificités (points et répartition, équilibre budgétaire, etc.)
- Une retraire supplémentaire : facultative et par capitalisation
►Au-delà du régime Général, différents régimes spéciaux ou « Pionniers » qui assurent la reconnaissance en matière de retraite de spécificités professionnelles:
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- Droits spécifiques : Service actif et départs anticipés
- Organisation spécifique : Intégration des régimes (base et complémentaire), ex : cheminots
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Système par répartition Calcul de la pension
►Pour les fonctionnaires : calcul sur les six derniers mois de traitement.
►Pour le secteur privé : la pension de base représente 50 % du salaire moyen des vingt-cinq meilleures années + régimes complémentaires (Agirc-Arrco, fusion en 2019).
2 types de périodes prises en compte pour la retraite
►Périodes cotisées : salaires, prestations familiales (AVPF : assurance vieillesse du parent au foyer).
►Périodes assimilées : maladie, maternité, accident de travail, maladie professionnelle, chômage, invalidité, service militaire, etc.
Les réformes paramétriques = une dégradation progressive
Depuis plus de trente ans, les attaques contre les retraites n’ont pas arrêté :
1987, loi Seguin : impose que les pensions de retraites soient revalorisées sur l’inflation et non plus sur l’évolution du salaire moyen.
1993, réforme Balladur : passage de trente-sept années et demie à quarante années de durée d’assurance pour les salariés du privé; passage des dix aux vingt-cinq meilleures années pour le calcul de la pension.
1995, réforme Juppé : retrait du projet de « régime universel »; les régimes spéciaux gardent leurs particularités grâce aux mobilisations.
2003, réforme Fillon : allongement progressif de la durée de cotisation jusqu’à quarante et une années et demie ; application de la décote et des règles du régime général au régime de la fonction publique.
2010, réforme Woerth : repousse l’âge légal de départ à la retraite de 60ans à 62 ans, voire 67 ans pour ceux n’ayant pas atteint les 41,5 annuités.
2013, réforme Hollande : augmentation de la durée d’assurance jusqu’à 43 ans pour la génération de 1973.
Faut-il réformer le système ?
Pas d’urgence à réformer
Un système solide budgétairement !
- Financement assuré encore à 78 % par les cotisations sociales en 2019 (hors effet crise sanitaire et ensemble du système de retraite).
- Part des retraites stabilisée à 14 % du PIB, avec baisse prévue à 13 % ou 11,3 % en fonction des scénarios du Conseil d’orientation des retraites (effet réforme).
- Financement à court terme : équilibre atteint avant crise.
- Financement à long terme : les ressources disponibles sont très larges avec une autre politique, la CGT fait de nombreuses propositions !
Un système de retraite protecteur !
- 16,9 millions de retraités percevant un droit direct
- 1,029 million de retraité percevant un droit dérivé (réversion)
- Le taux de pauvreté des seniors à la retraite est de 7% contre 32 % pour les séniors NER (ni en emploi, ni en retraite) et contre 14,3% pour la population globale.
332 milliards d’euros qui échappent au capital grâce à l’organisation actuelle du système de retraite ! La prétendue urgence du gouvernement cache une volonté de récupération au service du capital.
Remettre en cause le droit à la retraite et appauvrir les retraités est un choix de société quant à l’utilisation des richesses que les travailleur.euse.s produisent.
Les conséquences d’un report de l’âge de départ à 64 ans
Précarité
Repousser l’âge de départ à la retraite, allonger une période comprise actuellement entre 58 et 62 ans durant laquelle les travailleurs ne sont plus en activité (environ 20 %), et qui constitue un « sas de précarité » ou un allongement des « périodes de précarité » avant la retraite.
C’est donc augmenter le nombre de personnes au chômage, malades, invalides… et les besoins en financement vont se déplacer de la branche retraite à celles de ces risques (pour un euro en moins lié à la réforme, cela fait 0,5 centime en plus sur les autres risques). Les périodes de précarités en fin de carrière sont plus importantes pour les ouvriers et les employés que pour les cadres et les professions intermédiaires.
Au lieu d’être à la retraite et face à la précarité, les seniors viendront grossir l’armée de réserve tout en créant un nouveau problème à résoudre, celui de : « l’emploi des seniors »
Santé
Plus on repousse le départ à la retraite :
Plus les risques d’y arriver en mauvaise santé augmentent. Espérer profiter du début de sa retraite en bonne santé ne sera plus possible !
Le report de l’âge du départ conduirait à une dégradation des conditions de travail : partir plus tard signifie travailler plus longtemps dans de mauvaises conditions, avec un impact sur la santé des travailleurs et futurs retraités.
Inégalités en raison du genre, du handicap et de la pénibilité
la réforme va mécaniquement toucher plus les femmes et professions pénibles tout en remettant en cause les protections existantes (droits familiaux et régimes spéciaux) en proposant de pseudo solutions (compte pénibilité, etc.)
Changement de la logique fondamentale
le système de retraite ne protégera plus mais sera placé au service de la politique économique néolibérale !
Travailler plus longtemps, c’est une retraite plus courte
La loi Touraine de 2014 a déjà compensé les gains d’espérance de vie des dernières années.
Inférieure à 65 ans, l’espérance de vie en bonne santé est, en 2019, de : 63,7 ans pour les hommes et 64,6 ans pour les femmes.
L’espérance de vie ne constitue pas un argument valable, sauf à considérer qu’il existerait un ratio naturel ou nécessaire entre le temps passé au travail et à la retraite dans une vie humaine, ce qui n’a aucun sens !
La CGT défend une retraite à 60 ans, ce qui permettrait un départ en bonne santé pour une majorité de travailleurs.
Une réforme qui touchera plus les femmes
A chaque fois que l’on repousse la durée de cotisation requise, on la rend toujours moins atteignable pour les femmes.
Les femmes rencontrent plus de freins et de difficultés à valider une carrière complète : la charge de la famille, le temps partiel subis (En 2020, 26 % des femmes salariées à temps partiel le sont pour s’occuper de leurs enfants ou d’une personne dépendante), la probabilité de devenir aidant pour un proche en perte d’autonomie (60% des proches aidants sont des femmes), tous ces évènements sont autant de moments venant impacter la carrière professionnelle des femmes.
Le retour en force de la capitalisation ?
Le gouvernement dit vouloir sauver notre système par répartition mais :
- il a affaibli le niveau des pensions ;
- il rend de plus en plus inaccessible la possibilité d’avoir une carrière complète.
Finalement, il proposerait de développer la capitalisation pour apporter une réponse à des besoins en matière de retraite moins fiable que le système actuel et sous pression des fonds de pensions !
Qu’est-ce que la capitalisation?
Dans un système par répartition, chacun cotise dans un pot commun et acquière le droit à une retraite financée par la solidarité des autres actifs.
La capitalisation, c’est :
►une logique individualiste : je capitalise pour ma propre retraite, ce n’est plus de la solidarité !
►L’asservissement aux marchés financiers : le salarié participe à la spéculation financière via le placement de ses fonds dans des obligations, des actions ou d’autres produits financiers.
►Une augmentation du conflit capital/travail : tout ce que les retraités toucheront en dividendes, liés aux actions, ou en taux d’intérêts exorbitants, c’est ce que les salariés ne toucheront pas en salaire.
Ce que revendique la CGT
- Départ à la retraite à 60 ans à taux plein
- Départ anticipé à 55 ans ou un trimestre de départ anticipé par années d’exposition pour les salariés exposés à des facteurs de pénibilité.
- Assurer un niveau de pension (taux de remplacement) d’au moins 75 % du revenu d’activité pour une carrière complète.
- Élever le minimum de pension au niveau du Smic pour une carrière complète.
- Indexer les pensions sur l’évolution des salaires et sur celle des prix.
- Prendre en compte les années d’études.
- Une politique volontariste d’égalité salariale femmes-hommes, améliorant la retraite des femmes et abondant les ressources des régimes.
Financer de bonnes retraites c’est possible
Le Gouvernement veut imposer sa réforme violente et injuste pour résoudre un déficit qui s’élèverait à 12 milliards à horizon 2030…
Pourtant, il a refusé d’examiner les nombreuses propositions des organisations syndicales qui permettent non seulement de remettre les comptes à l’équilibre mais, surtout, de financer la retraite à 60 ans avec au minimum 75 % du dernier salaire :
- Mobiliser les 157 milliards d’euros annuels d’aides publiques aux entreprises
- Mettre à contribution les revenus financiers des entreprises.(En 2022 les actionnaires des entreprises du Cac 40 ont touché 80 milliards d’euros, un sommet jamais atteint)
- Élargir l’assiette des cotisations et y intégrer les primes des fonctionnaires, l’intéressement et la participation
- Mettre fin aux 28 % d’écart de salaire entre les femmes et les hommes rapporterait 6,5 milliards par an dans les caisses
- Augmenter les cotisations d’un point rapporterait près de 15 milliards d’euros